Le monde des influenceurs numériques est en pleine mutation. Face à l’explosion de ce phénomène, les autorités ont décidé de serrer la vis. Découvrez les nouvelles obligations qui régissent désormais cette activité en plein essor.
La transparence, maître-mot des collaborations commerciales
La transparence est devenue le pilier central des obligations des influenceurs. Désormais, toute collaboration rémunérée doit être clairement identifiée comme telle. L’utilisation de mentions comme #sponsorisé ou #partenariat est devenue obligatoire. Cette mesure vise à protéger les consommateurs en leur permettant de distinguer facilement le contenu publicitaire du contenu organique.
Les influenceurs doivent ainsi mentionner explicitement leurs liens commerciaux avec les marques, que ce soit sous forme de rémunération directe, de cadeaux, ou d’avantages en nature. Cette obligation s’applique à tous les types de contenus : posts, stories, vidéos, etc. Le non-respect de ces règles peut entraîner des sanctions financières importantes de la part de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes).
La responsabilité éditoriale : un devoir de vigilance accru
Les influenceurs sont désormais considérés comme des éditeurs de contenu à part entière. À ce titre, ils sont tenus responsables des informations qu’ils diffusent. Cette responsabilité éditoriale implique un devoir de vigilance accru quant à l’exactitude et la véracité des propos tenus.
Ils doivent ainsi vérifier scrupuleusement les informations avant de les partager, notamment lorsqu’il s’agit de produits de santé ou de bien-être. Les allégations mensongères ou trompeuses peuvent être sanctionnées. De plus, les influenceurs doivent être en mesure de justifier leurs affirmations, en particulier lorsqu’ils vantent les mérites d’un produit ou d’un service.
La protection des mineurs : une priorité absolue
La protection des mineurs est devenue une préoccupation majeure dans l’encadrement de l’activité des influenceurs. Des règles strictes ont été mises en place pour éviter l’exploitation des enfants dans le cadre de contenus sponsorisés.
Les influenceurs parents doivent désormais obtenir une autorisation préalable de la préfecture pour faire apparaître leurs enfants dans leurs contenus à des fins commerciales. Cette autorisation est soumise à des conditions strictes, notamment en termes de temps de travail et de protection du bien-être de l’enfant.
De plus, certains types de contenus sont strictement interdits lorsqu’ils impliquent des mineurs, comme la promotion d’alcool, de tabac, ou de jeux d’argent. Les influenceurs doivent redoubler de vigilance pour s’assurer que leur contenu reste adapté à leur audience, en particulier lorsque celle-ci comporte une part importante de jeunes suiveurs.
La fiscalité et la déclaration des revenus : vers plus de rigueur
L’aspect fiscal de l’activité d’influenceur est désormais sous haute surveillance. Les revenus générés par cette activité doivent être déclarés de manière exhaustive et précise aux services fiscaux. Cela concerne non seulement les rémunérations directes, mais aussi les avantages en nature, les cadeaux, et les contreparties diverses reçues dans le cadre de partenariats.
Les influenceurs dont l’activité dépasse un certain seuil doivent se déclarer en tant qu’auto-entrepreneurs ou créer une structure juridique adaptée (SARL, SAS, etc.). Ils sont alors soumis aux mêmes obligations que n’importe quelle entreprise en termes de comptabilité, de déclarations sociales et fiscales.
L’URSSAF et les services fiscaux ont renforcé leurs contrôles dans ce secteur, avec des sanctions potentiellement lourdes en cas de manquement. Les influenceurs sont donc encouragés à faire preuve de la plus grande rigueur dans la gestion administrative et financière de leur activité.
La propriété intellectuelle : un enjeu crucial
Le respect de la propriété intellectuelle est devenu un enjeu majeur pour les influenceurs. Ils doivent s’assurer d’avoir les droits nécessaires pour utiliser les contenus qu’ils partagent, qu’il s’agisse de musiques, d’images, ou de vidéos.
L’utilisation non autorisée de contenus protégés par le droit d’auteur peut entraîner des poursuites judiciaires et des demandes de dommages et intérêts. Les influenceurs doivent donc être particulièrement vigilants et obtenir les autorisations nécessaires avant d’utiliser du contenu tiers.
De plus, ils doivent être conscients de leurs propres droits sur les contenus qu’ils créent. La cession de ces droits dans le cadre de partenariats doit faire l’objet de contrats clairs et précis pour éviter tout litige ultérieur.
La modération des commentaires : une responsabilité accrue
Les influenceurs sont désormais tenus pour responsables des commentaires publiés sur leurs plateformes. Ils ont l’obligation de modérer les contenus haineux, discriminatoires, ou illégaux postés par leurs followers.
Cette responsabilité implique une surveillance active des espaces de commentaires et une réactivité dans la suppression des contenus problématiques. Les influenceurs peuvent être tenus pour responsables en cas de maintien de commentaires illégaux sur leurs publications.
Cette obligation de modération s’étend également à la lutte contre la désinformation. Les influenceurs doivent veiller à ne pas laisser se propager des fake news ou des théories complotistes dans leurs espaces de discussion.
La formation et la certification : vers une professionnalisation du métier
Face à la complexification du cadre réglementaire, une tendance à la professionnalisation du métier d’influenceur se dessine. Des formations spécifiques commencent à voir le jour pour aider les créateurs de contenu à naviguer dans cet environnement juridique complexe.
Certains organismes proposent désormais des certifications pour les influenceurs, attestant de leur connaissance des règles éthiques et légales de la profession. Ces certifications pourraient à terme devenir un gage de crédibilité auprès des marques et du public.
Les agences spécialisées dans l’influence marketing jouent un rôle croissant dans l’accompagnement des influenceurs pour s’assurer du respect de ces nouvelles obligations. Elles proposent souvent un support juridique et administratif pour aider les créateurs à se conformer à la réglementation.
Le métier d’influenceur numérique connaît une profonde mutation. Les nouvelles obligations légales et éthiques imposent une professionnalisation accrue de cette activité. Transparence, responsabilité éditoriale, protection des mineurs, rigueur fiscale, respect de la propriété intellectuelle et modération des contenus sont désormais au cœur des préoccupations des influenceurs. Ces évolutions, si elles peuvent sembler contraignantes, visent à assainir le secteur et à renforcer la confiance du public. Elles marquent le passage d’une ère d’amateurisme à une véritable profession encadrée et responsable.